mardi 16 mars 2010

La soumission du matador, l'insoumission du matamore



J'ai traversé de longs tunnels blancs, imposant des silences ouatés. Le paysage se givrait sous mes yeux, préparant une arrivée sur un quai, imaginée en détails précis et aveugles.
Plus tard, tu as soulevé un rideau, des flocons implacables formaient un store entre deux monde, celui où nous étions et celui où nous n'étions pas.
Nous nous sommes faufilés et à tâtons, nous avons ouvert des portières ensevelies, à la recherche du Dernier Igloo. Nous avons tapé nos pieds contre le sol à l'entrée, pendant que le chef nous disait que les serveurs restant allaient pour certains, faire quelques kilomètres en scooter pour rentrer, dans la nuit. Comme je suggérai l'inhumanité, le chef a vanté l'intrépidité. Je m'attendais à ce qu'il nous affirme, ce sont des Warriors.
Nous avons diné pas loin de la flambée.
A la table d'à coté, il y avait ces deux types mal rasés.
L'un avait des yeux bleus en tête d'épingle, brillants et fiévreux. Il nous a raconté qu'il mangeait tout le temps au restaurant et qu'il se procurait des réductions sur Internet.
Nous n'avons pas compris ce qu'ils faisaient, comme job. Je ne sais pas pourquoi, je leur ai imaginé des missions pas très glorieuses, des nettoyeurs d'entreprises en faillite, des récupérateurs de locaux en déshérence, des types désabusés et détachés, pas de sweet home.
De nouveau dehors, la ville s'était vidée de toute trace de vie, sauf, rappelle toi, cet homme qui seul dans le rond point, faisait un bonhomme de neige, une envie irrésistible, comme de shooter dans les marrons, de faire stresser les pigeons, ou d'éclater les bulles du plastique bulle.




Le dimanche d'après, c'était le printemps et les électeurs allaient aux urnes en tee-shirt.
Presque 305 000 voix pour l'enfant du pays, celui que les parisiens ont essayé d'écarter.
Aujourd'hui, plus matois que jamais, avec une douceur assassine, il dit mais je tends la main à Mandroux, Mandroux, vous savez, elle me fait de la peine.
Jamais il ne sera démis, comment ne l'ont ils pas compris, cela reste un mystère.
Il est le Cacique, le gagnant de comédie, le Roi de la Comédie.
Ses tentatives de baptême pour les Septimaniens, d'importation de la statue de Lénine, tout lui est pardonné, la défense se fait toute seule, les phrases reprochées sont tellement sorties de leur contexte, que l'électeur lui, n'oublie pas les livres gratuits dans les lycées, l'aménagement des rives du Rhône, la bataille sur l'usine d'incinération, le Front National bouté hors du Conseil Régional, les budgets régionaux votés à l'unanimité, y compris des maires UMP.
Néanmoins, Frêche ne devrait pas considérer avec tant de condescendance Hélène Mandroux, une des six femmes à être à la tête d'une ville de plus de 100 000 habitants, médecin de formation. Il ne s'agit pas de gourmander une petite fille, encore moins d'humilier. Frêche devrait savoir, avec son expérience, qu'il faut éviter d'humilier lorsqu'on le peut.
D'autant que le score de 8,6 % du Front de Gauche dépasse le score du PS, de 7,74 %.
Et que celui d'EE est de 9,12. Alors Frêche a beau jeu de dire qu'il tend la main, mais, avec 50 % d'abstention et un total de 25 % des voix qui lui ont échappées, le matamore local n'est pas si bien pourvu que ce que cela peut sembler.
Même si le maintien sur son siège, dimanche prochain, est assuré.

Joli mois de mars.
Contrasté.
Un mois pour le souvenir - dans 120 ans.
Et même pas fini.

4 commentaires:

mtislav a dit…

Le titre dit tout et le billet le reste : quelque chose comme "la monnaie de la pièce". Ca rend bien.

Dorham a dit…

C'est chouette quand tu aimes bien le mois de mars.

Et puis, comme nous en avons parlé, j'aime bien que tu rappelles les évidences frêchoises quand c'est la mode de sciemment les oublier...

lucia mel a dit…

lu aujourd'hui en descendant de la blancheur de la montagne (là où, dans les Bouches du Rhône, ça n'a pas été très glorieux côté résultats électoraux), la citation de Denis Podalydès "La peur Matamore" : "Dans tout Matamore, il y a un matador. J'appelle Matamore ce désir de peur, cet élan comique qui me tient, me pousse, m'encombre et me remplit, m'entrave et me libère". Pas mal...

Audine a dit…

Mtislav : disons que ça balance entre l'intime et le jeu de mots !

Dorham : l'enfant du pays est réélu avec 54 % des voix ...
L'électeur montpellierain est têtu ...

Lucia : très belle citation ! Mais je suis vexée de ne pas être la première à avoir rapproché les deux mots !
Ce soir, les claques tombent sec pour la droite ...