dimanche 21 février 2010

Chroniques désenchantées 1

Parfois se demander s'il est enviable de ne pas pouvoir raconter d'autres choses que ce que l'on vit, et parfois comment ne pas raconter autre chose.

Un prénom qui passe, un pseudo, des histoires dans la tête, des envies de moqueries acides, de conte cruel et amoral, des petites tortures.

Dans « c'est ici que je vis », des terrains vagues pelés peuplés d'êtres survivants à qui mieux mieux et d'animaux miteux, au nord de Barcelone, dans une Catalogne dure, primaire, et infiniment lointaine.

Arnau élève des oiseaux chanteurs qu'il fait concourir.

Il apporte la cage aux concours et devant les jurés, les oiseaux trillent en se balançant pire que Gilbert Montagné, « What you ask of me is just to be your clown … No, no don't let me play the Fool ». Il aime tant ses oiseaux qu'il refuse de vendre le champion. Il décide de gagner de l'argent avec son oncle, joué par Sergi Lopez, en pariant plutôt sur des courses de lévriers. Quand il croise un fenec à bout de vie, il l'ajoute dans sa cabane et à ses amours. Mais les amours ne peuvent que s'entretuer, décevoir, trahir, s'échapper, tels des rêves illégaux enterrés sous les lignes électriques hautes tensions surplombant l'herbe rase et les roches dénudées.


Allons y.


Synopsis : Yves a 53 ans. C'est pas mal galère. Il décide de s'amuser, notamment avec les femmes. Il va se mettre à draguer pour s'apercevoir qu'il est dans l'impuissance et ne jamais dépasser le stade du virtuel. Il est un peu ridicule. Parallèlement, on assiste à la vie de son ancienne compagne et de l'histoire d'amour infinie d'une autre femme pour elle. Ça paraît pas très intéressant vu comme ça, mais ça peut être marrant, quien sabe.


tilidom.com

jeudi 11 février 2010

Penser moins (ou plus du tout)


Siu Lan Ko, née en Chine, a 33 ans.
Elle a grandi à Hong Kong, est diplômée de sociologie, et a été ouvrière en Chine mais aussi étudiante à l'Ecole Nationale Supérieure des Beaux Arts (ENSAB) de Paris, sur les quais de Seine.
Depuis 2002, elle fait de l'art performance, utilisant des gestes simples et des matériaux organiques.
Elle mène une réflexion sur la remise en cause du concept de développement et son impact et sur la politique et les slogans.





Actuellement elle participe à un programme de recherche artistique à l'ENSAB, qui s'appelle La Seine (réunissant des étudiants de Londres et de Singapour), sur le projet "Week-end de sept jours".
Dans ce cadre là, elle a installé quatre banderoles le long des murs de l'ENSAB. Chaque banderole noire affichait un de ces quatre mots : "gagner", "travailler", "plus" et "moins".





Mais voilà, en quelques heures, son installation a été retirée des façades du bâtiment.
Motif donné par le directeur de l'Ecole : "œuvre trop provoquante pour être installée sur les quais de la Seine."

Comme dit Siu Lan Ko :



Mais, qui s'en soucie ?


voir article Libération

lundi 8 février 2010

Tu m'as dit que tu n'aimes pas Montpellier (3)

j'habite un bateau sur un pré

j'habite une cabane avec parking

j'habite un camion rouge sous un arbre

Et parfois une étagère à bateaux

j'habite au bord de la route

Et c'est pas toujours le cirque


j'habite au 128 (même pas vrai)

Tu m'as dit que tu n'aimes pas Montpellier (2)









Tu m'as dit que tu n'aimes pas Montpellier (1)

Tagstore
Tag SMB

Place du Nombre d'Or

Place Saint Côme
Joueur de sax au bord du Lez



Les bords du Lez



dimanche 7 février 2010

Doux enlacements des jours heureux


Ilham Moussaïd

J'étais partie pour vous parler de mon indignation provoquée par la candidature d'une militante NPA voilée, Ilham Moussaïd, pour les régionales.
Si même les gauchistes se mettent à transiger sur la laïcité pour racoler des voix, où va t on ?
C'est une erreur, à mon avis, de penser que tout anticapitaliste peut être un allié objectif, tant qu'il lutte contre le Grand Satan.
Les intégristes de tous poils n'ont jamais été anticapitalistes.
Ca se saurait.
Ceux qui trouvent normal, voire prônent, le port du voile pour les femmes, sont anticapitaliste tant que ça n'est pas leur capitalisme qui domine.
C'est une erreur du NPA, mais plus que ça.
Je me sens trahie, trahie qu'une femme voilée puisse représenter le gauchisme.
Déjà qu'on n'a plus de gauche traditionnelle ...

Manif NPA à Copenhague

Je précise tout de même que Martine Aubry venant donner la leçon au "petit facteur" n'arrange pas mes nausées.
Parce que comme championne de la laïcité, elle se pose là : opposition à la loi interdisant les signes religieux ostensibles à l'école, piscine à créneaux horaires pour les femmes voilées, "accompagnement positif" de la construction de l'Institut Privé musulman, liste électorale de synthèse avec le doyen de l'Institut Catholique, création de la Fondation Face, la bonne conscience chrétienne des grands patrons, et autres prises de positions, montrant que le NPA est loin d'inaugurer la drague de l'électorat religieux.

Avec un président qui affirme que le curé est meilleur éducateur que l'instituteur, on n'est pas sorti de l'auberge laïque.

Mais il y a autre chose.

Alors que je parlais avec un ami de la façon de faire le café, je lui racontais comment mon père m'avait appris à le faire juste pour lui.
Il fallait faire chauffer de l'eau, dans une casserole, et arrêter le feu juste à l'apparition des petites bulles.
Une espèce de surtasse en inox était posée sur la tasse. Au centre, il y avait l'axe autour duquel on vissait un couvercle qui venait compresser le café moulu.
Tout l'art consistait à visser en tassant juste comme il faut le café, pour ne pas qu'il soit amer, ni, pire, du jus de chaussette.

Sculpture de bois à l'entrée d'un mas de Petite Camargue


Des souvenirs en appelant d'autres, d'un seul coup m'est revenu celui de mes parents, au milieu de la cuisine, d'un jaune et d'un orange éblouissants, s'enlaçant.
Et nous, mon frère et moi, petits, venant réclamer notre part d'étreinte, inclus dans le cercle, et la chanson binaire, deux notes hunnnnn hunnnnn, la première plus haute que la deuxième, émanant du haut de cette tour de chair, mélopée qui berce, mélopée de l'amour familial.

Et depuis, cette pensée, du bonheur que l'on a eut, de la chance que l'on a eut, d'avoir ce bonheur là.

La danse de Matisse

vendredi 5 février 2010

It's a Free World !




Chère Direction,

Suite à la consultation de votre site (annuaire) sur Internet, je me permets de m'adresser à vous au nom de WORKARD pour demander si vous êtes intéressé à notre soutien dans le recrutement du personnel pour votre société en tant que spécialiste de bâtiment polyvalents et qualifiés dans les travaux de menuiserie, de charpente.

En général, nous nous spécialisons dans le secteur BTP et sommes capables de trouver pour vous les spécialistes polonais dans le domaine d'BTP (jointoyeur, maçons, peintres, carreleurs, techniciens toiture, couvreurs, enduiseurs, charpentiers, plombiers, étancheurs, régleurs, chauffagistes, électriciens, soudeurs mig, mag, tig etc.) avec de l'expérience en travail en France, dont les compétences répondent pleinement au profil des emplois que vous proposent.

Notre base de candidats est très large et la sélection des salariés pour vous se passe strictement selon les critères que vous établissez.

En ce qui concerne le profil de nos candidats, au cas de votre intérêt, je vous enverrai des candidats concrètes concernant le poste donné. Pour ce moment là, afin de vous donner une idée générale sur les compétences de nos candidats, je vous présente leurs atouts principaux :

  • leur expérience professionnelle (toujours au moins de 5 ans) résulte en très bonne qualité des travaux, en une attitude sérieuse et en des compétences polyvalentes et solides.

  • Leur disponibilité pour partir travailler à l'étranger es « dès maintenant »

  • leur expérience dans le travail à l'étranger, notamment aussi en France, compte plusieurs ans et fait preuve de leur connaissance parfaite du style de travail basé sur le professionnalisme et une motivation forte. Leur expérience est toujours confirmée par des certificats de travail.

  • Leur niveau de la connaissance du français ou de l'anglais est toujours vérifié en fonction des exigences du poste et selon les exigences de l'Employeur. La plupart des candidats parlent le français d'une façon très communicative.

  • Pour dissiper tous vos doutes : vous pouvez engager notre personnel pour la période d'essai et de plus, nous vous donnons notre garantie que si l'ouvrier donné ne vous convient pas, il est remplacé immédiatement de notre part sans aucun frais supplémentaire.

Comment se passe-t-elle notre collaboration ?

Vous facturons uniquement le frais de recrutement.

En ce qui concerne le service LEASING MORE qui remporte un grand succès à l'étranger : il s'agit d'un détachement temporaire des ouvriers et selon cette méthode, l'Agence polonaise WORKARD prend en charge toues les démarches nécessaires : engagement du personnel et accomplissement de toutes les formalités administratives.

C'est WORKARD qui effectue les paiements de toutes les cotisations sociales liées à l'embauche du personnel : toutes les charges administratives, assurance maladie, le montant des cotisations que nous reversons à l'URSSAF polonais, acompte de l'impôt sur le revenu, assurance de retraite, d'accident du travail.

La coopération est basée sur la sous-traitance où vous signez avec notre Agence le contrat de prestations de services, par contre, nous signons le contrat de travail avec l'ouvrier polonais délégué.

En effet, vous êtes libéré de payer les impôts liés à l'embauche du personnel et vous avez la facture établie après chaque mois de travail des polonais.

Nous travaillons avec un grand nombre d'entreprises françaises de BTP qui affirment que la solution de l'embauche des Polonais leur devient plus efficace que l'engagement des travailleurs français. De plus, nous sommes très fiers des opinions favorables sur la qualité des travaux effectués par nos travailleurs.

Nous ne recrutons pas les candidats par un simple recours à la base de données, mais chaque procédé de recrutement est mis en vigueur individuellement en fonction des vos critères et de vos exigences établis. Les meilleures candidatures vous sont présentées et le choix final appartient à vous.

Je reste disponible à répondre à toutes vos questions en détail et avec plaisir.

Dès que j'aurai votre signal d'intérêt, je pourrai vous envoyer le dossier de notre calcul précis.

En attendant votre réponse, veuillez agréer mes salutations distingueuses,

Z powazaniem / révércieusement

Pozdrawlam / Cordialement


Anna Lubowsga

Specjalista ds.uslug HR / Rozwoju Rynkow Francuskijezycznych

Spécialiste en Ressources Humaines et en Développement commercial du Marché Francophone

WORKARD

ul. Szlak 65

57 – 254 Cracovie, Pologne

www.workard.pl


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Aucun virus connu à ce jour par nos services n'a été détecté.



mercredi 3 février 2010

Tu m'vois, tu m'vois pas



Dans le TGV Paris Gare de Lyon - Montpellier, je ne l'avais pas vu tout de suite, mais il y avait ce collègue, que je voulais éviter.
Un mètre quatre vingt quinze et un quintal bien tassé, rouge, tonitruant tendance Frêche, de l'accent à faire murir les olives, pas du tout mon genre, si vous voyez le truc.

J'étais tout au fond, face à des bobos montpelliérains dans la culture, qui m'ont emprunté mon Canard Enchaîné, puis lui, il a lu Badiou. Dans le carré d'à coté, il y avait une fille blonde et assez jolie, mais déjà usée, on ne sait pas trop bien par quoi.
Un type est arrivé, il avait un blouson par dessus un sweat blousant, brun suant, une bière à la main, des tas de sacs, l'air exténué.
Il a commencé à draguer la blonde en entrant dans son espace vital, puis il s'est mis à téléphoner, pour annoncer en annonant l'état de son trajet, qui n'a fait qu'empirer à Valence où l'on s'est pris une demie heure de retard pour cause de porte qui ne fermait pas.
Au bout d'un moment, le type s'est énervé dans son téléphone, j'ai plus de batterie bordel et y a pas de réseau, et puis il a jeté par terre son téléphone pour le punir de ne pas fonctionner. Il l'a ramassé façon Zidane, quasi, en le soulevant du pied. Puis il s'est remis à indiquer son trajet en braillant et en éructant des injures en arabe. Puis il a prononcé dans le téléphone ces mots "j'arrive Bibiche mais le train il a une demie heure de retard, j'y peux rien, mais j'arrive Bibiche, il y a une demie heure de plus, c'est pas ta faute, c'est pas ma faute c'est comme ça", et moi, j'ai du cacher mon fou rire dans mon écharpe et les bobos d'en face aussi.
La blonde avait franchement des regards de détresse, ça devait sentir les bières qu'il avalait l'une après l'autre, moi je ne sais pas, je n'ai presque pas d'odorat.

A l'arrivée, avec ma valise et ma sacoche lourde du dossier de formation sur l'Acte Administratif Unilatéral à destination des contrôleurs débutants, je suis passée à 20 cm du collègue, sous son nez, et lui ne m'a pas vue. Après, le long du quai, il est passé tout à coté de moi, et pareil, il ne m'a pas vue.
Ca m'a rappelé une fois, où je travaillais sur un dossier de grève occupationnelle directement avec le juge saisi pour l'expulsion, et il m'avait nommée médiateur. Mon directeur était furieux que je lui échappe et rouspétait auprès de mes collègues, ça n'était pas normal que je ne donne pas de nouvelle et patati et patata.
J'étais attablée au restaurant, c'était chez Tarte Julie, et je vois arriver le directeur avec le collègue ami qui m'avait rapporté son agacement. Chut je lui fais, d'un index sur la bouche, il me fait un clin d'œil, et ils passent tous les deux, le long de ma table, et jamais le directeur ne l'a su.

Parfois, ça n'arrange pas de ne pas être vue.
Par exemple, il est possible que je ne continue pas de faire de la formation des bébés inspecteurs. L'école leur prête à tous un ordinateur portable, et les interventions se font devant une forêt d'écrans dressés, c'est très désagréable.

Bon en tout cas, il y en a un qui m'a bien vue, lui.
Et je n'ai pas l'intention qu'il me perde de vue.
Même si ça me fait perdre un peu la tête.