vendredi 20 mai 2011

je me sentais maudite*



Ah ça fait du bien, d'entendre la journaliste québécoise Denise Bombardier parler de l'affaire DSK sur France Inter ce matin !
Parce que tout de même, après ce bal des faux culs, ces déceptions ...
Badinter, ... Qui vient expliquer son indignation sur la façon dont est traité DSK, puisqu'il ne lui ait pas appliqué la présomption d'innocence, en le montrant alpagué par les flics ricains, menotté ...
Ces chœurs automatiques, "le pauvre il est tombé dans un piège" ...
Le Canard Enchaîné qui explique doctement que certes tout le monde sait, mais tout le monde sait quoi ? DSK est présenté comme un libertin et les journalistes sont vertueux de ne pas "entrer dans les chambres à coucher" ...
La France, la belle France, ses séducteurs, son art de l'amour, son respect de la vie privée.
Qui va nous saouler pendant des mois en exposant les échographies de Carla.
Qui appelle "drame passionnel" le meurtre à coups de poings d'une actrice par un chanteur.

Alors oui c'est bien la séduction. C'est agréable les hommes entreprenants.
Oui on a le droit de courir les soirées échangistes.
Mais la France, la société française, a un problème sérieux avec le consentement.

DSK aime [trop] les femmes, c'est sa faiblesse.
De ce qu'on lit à droite à gauche, ce qu'aime DSK, c'est poursuivre, conquérir, soumettre à ses envies, à ses pulsions.
C'est faire craquer à force de textos insistants.


Ben alors, et la présomption d'innocence ? Et si c'est un piège ?
Je parle là de son comportement avéré, pas de cette plainte.
Si c'est un piège ?
Mais si c'est un piège, il est tombé dedans !
Ça change quoi ?
Imaginez une plainte pour corruption de fonctionnaire : ah ben c'était un piège !! donc ça ne compte pas ??

S'il y a une leçon à retenir de cette histoire, ça n'est pas "puissant un jour, misérable le lendemain", ce qui fascine tout le monde - c'est vrai que le coté tragédie antique est fascinant.
S'il y a une leçon à retenir, c'est qu'entre être entreprenant et être violeur, la notion de consentement doit se poser là.
Il faut apprendre à la reconnaitre.
Et arrêter de considérer qu'il s'agit uniquement de la faiblesse d'un homme, de la faiblesse de DSK.
Car il s'agit d'une faiblesse d'éducation, de considération de la femme, profondément, il s'agit de la façon dont une société considère les relations entre les hommes et les femmes.



* ce titre est la reprise d'une expression écrite de Piroska Nagy, ex économiste hongroise au FMI, "séduite" par DSK.

mercredi 4 mai 2011

Mais qu'est ce que ce monde là

Le secrétaire national de mon syndicat, Luc, s'est jeté du 5e étage, dans l'escalier de l'immeuble du Ministère du Travail, quai de Javel.

Je connaissais Luc et militais à ses cotés depuis plus de 20 ans.
Lui, quelques autres et moi, nous avions monté le syndicat CFDT ministère du travail en Ile de France.
Lui, beaucoup d'autres, et moi, nous avions quitté la CFDT suite à sa trahison sur les retraites.
Lui et quelques autres ont créé ce syndicat affilié à la FSU et que j'ai rejoint.

Les 20 et 21 avril, à Javel, j'ai mangé avec Luc et d'autres camarades dans un restaurant thaïlandais. Lors de ces deux jours, j'ai classé avec lui des dossiers syndicaux, parlé d'une victoire juridique devant le Conseil d’État, élaboré des stratégies en vue de futures élections professionnelles. Nous avons aussi débattu du port du voile - nous n'étions pas tout à fait d'accord.
Ce midi, il avait rendez-vous pour déjeuner avec sa femme, une collègue que je connais aussi depuis plus de 20 ans.
Elle est arrivée juste après les pompiers.

Nous sommes terrassés.

Je reviendrai sur ce geste d'une violence inouïe.

Ce que je voulais juste vous dire, c'est que jamais je ne laisserai dire que son suicide est du à "des problèmes personnels".

mardi 3 mai 2011

Je racisme, tu racismes, il ou elle ...


Ça serait bien de réfléchir sur la définition du mot "racisme".

Il me semble que Didier Goux a raison, sur ce sujet.

Il me semble qu'il y a des ayatollahs de l'anti-racisme.
Une police de la pensée.

Et c'est là où je cale : est ce que l'on doit traquer des "pensées racistes" ? quand alors doit on s'arrêter de penser pour ne pas être raciste ? Est ce que le racisme commence à la pensée ?

A mon sens, on ne peut pas vivre dans une société qui définit le racisme dès la pensée. On ne s'en sortira pas. On va devenir fous.
Il faut séparer la pensée des actes.
Confondre la pensée et l'acte, en matière de racisme, c'est prendre l'intention pour la commission.

Ne relevons pas l'infraction de la pensée, ne verbalisons pas le discours.
Jugeons sur acte.
Lorsqu'on est juge.


(billet dédié à Dorham et à Manu, avec une pensée pour Nicolas, parce que je n'ai pas eu le temps de commenter son billet du 1ier mai, qu'il en avait déjà pondu 10 autres)

Crédit photo : August Sander, bohémians, 1925.