jeudi 11 février 2010

Penser moins (ou plus du tout)


Siu Lan Ko, née en Chine, a 33 ans.
Elle a grandi à Hong Kong, est diplômée de sociologie, et a été ouvrière en Chine mais aussi étudiante à l'Ecole Nationale Supérieure des Beaux Arts (ENSAB) de Paris, sur les quais de Seine.
Depuis 2002, elle fait de l'art performance, utilisant des gestes simples et des matériaux organiques.
Elle mène une réflexion sur la remise en cause du concept de développement et son impact et sur la politique et les slogans.





Actuellement elle participe à un programme de recherche artistique à l'ENSAB, qui s'appelle La Seine (réunissant des étudiants de Londres et de Singapour), sur le projet "Week-end de sept jours".
Dans ce cadre là, elle a installé quatre banderoles le long des murs de l'ENSAB. Chaque banderole noire affichait un de ces quatre mots : "gagner", "travailler", "plus" et "moins".





Mais voilà, en quelques heures, son installation a été retirée des façades du bâtiment.
Motif donné par le directeur de l'Ecole : "œuvre trop provoquante pour être installée sur les quais de la Seine."

Comme dit Siu Lan Ko :



Mais, qui s'en soucie ?


voir article Libération

15 commentaires:

Didier Goux a dit…

Le directeur en question a simplement administré la preuve de sa profonde et couarde connerie : interdisant cette pantalonnade grotesque, il a donné un semblant d'importance à ce clown femelle dont vous parlez, on se demande d'ailleurs pour quelle raison.

Didier Goux a dit…

Relisant après coup votre billet, je trouve que votre Chinoise est presque trop belle pour être vraie. Sociologue, ouvrière (en Chien, hein, tout de même : s'agirait pas qu'on puisse aller vérifier...)et, comme tout le monde, étudiante à une école "sur les quais de Seine". Non, vraiment, vous nous gâtez !

Si vous avez d'autres escrocs de même envergure, surtout n'hésitez pas, hein...

Balmeyer a dit…

Travailler moins, gagner plus. Les banderoles, je les récupèrerais pour chez moi, tiens. Y'aurait moyen ?

Dorham a dit…

Les humains seront des automates. Et je ne suis pas d'accord avec vous Didier, je trouve qu'il y a une adéquation entre le discours et la forme, c'est pas donné à tout le monde. Quant à travailler moins et gagner plus, ce n'est pas provoquant, juste le sens évident du progrès.

Audine a dit…

Didier : je vous conseille de relire encore une fois alors ...
Je suis assez d'accord sur l'aspect peu enthousiasmant des "installations" (puisqu'installations il y a). Même l'idée que, suivant les points de vue sur le quai de Seine, les mots étant dans un ordre différent, il y a message différent est un tantinet ... courte, on va dire.
Cependant, cette artiste chinoise a déjà un lot important d'expositions dans diverses villes à travers le monde et ... qui sait ce qu'il y avait dans la tête de Marcheschi il y a plus de vingt ans (avant qu'il parle de son pinceau de feu ...) ou de Boltanski il y a 30 ans ou plus, avant qu'il entasse au sol des vêtements remués par une pelleteuse, hmmm ?

Bon, mais le propos n'était pas là : il s'agissait de parler de la censure qui envahit les esprits, au point d'interdire de se servir de 4 mots, parce qu'ils ont été prononcés par notre TGP.

Audine a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Audine a dit…

Balmeyer : peut être tu peux négocier avec le directeur des Beaux Arts, je suis sûre qu'il serait heureux de s'en débarrasser !

Dorham : afficher les mots permet de se réinterroger sur leur sens, je pense.
Bien sûr que le véritable progrès est de travailler moins.
Quant à gagner plus, la question est gagner quoi plus ?

(même si ce sont des interrogations de bobo, j'avoue)

mtislav a dit…

Une mise en forme du slogan malgré tout plus gênante qu'il n'y paraît. Le Coucou a évoqué ça dans son billet d'hier, lui aussi s'en soucie...

Fleur d'hiver a dit…

Le directeur a eu peur de déplaire à qui nous savons ?

Pour moi, c'est la seule explication et elle ne lui fait pas honneur.

Balmeyer a dit…

Peut-être que le directeur a "voulu bien faire", la tyrannie commençant parfois par la bêtise des tyrannisés... :)

Audine a dit…

Un qui s'en soucie, effectivement Mtislav, merci de le signaler :

http://unclavesien.blogspot.com/

Fleur : le directeur a peur de déplaire, et le pire, de déplaire et DONC de ne plus avoir de sous ...

Balmeyer : oui, mais là, il y aussi une menace intégrée, auto appliquée, si on peut dire, de ne plus avoir de financement.

Le billet du Coucou exprime mieux que je ne l'ai fait je crois, ce dégout face à cette intégration de la pensée conforme et soumise.

lucia mel a dit…

si je suis bien informée par ma radio (FIP) il semblerait que notre ministre de la culture ait demandé à ce qu'on réinstalle l'oeuvre de l'artiste, estimant très grotesque qu'on l'ait décrochée.

Tout est donc au mieux dans le meilleur des mondes bobos parisiens, qu'on se le dise, l'art conceptuel ne sera pas empêché sous la présidence de Sarkozy, lui dont le père expose en ce moment à Budapest des oeuvres tout aussi... conceptuelles.

A mon avis, là n'est pas le combat le plus essentiel, j'ai entendu parler d'un millier de salariés en grève à IKEA, j'entends le ras-le-bol des gens dans le RER, dans le métro... tous épuisés par cette crise. Là était aussi sans doute le message de l'artiste chinoise. J'aime beaucoup l'art moderne, et l'implication des artistes chinois à l'heure actuelle dans la résistance au système.

Le petit monde d'Archie a dit…

C'est là qu'on voit à quel point on a besoin de l'art. Parce que si l'artiste n'existait pas, il n'y aurait pas eu cette réaction absurde du directeur, et donc celle - tout aussi absurde, mais politiquement calculée - du dit ministre.
C'est là le point de départ, je crois, de la notion même d'art : la provocation. Qu'elle se fasse au niveau de l'image, de ses couleurs, ou au niveau du sens qu'on pose dessus, la "chose artistique" sert d'abord à ça ...

Fleur d'hiver a dit…

Confirmé. Les banderoles ont été remises en place.

Balmeyer a dit…

A lire, à propos de cette histoire.